Barre-menu

10.8.17

Spider-cochon, Spider-cochon, il peut marcher au plafond...


Spider-Gwen : Ennemie publique ?

Auteurs : Jason Latour pour l'écriture et Robbi Rodriguez pour le dessin.
Origine : États-Unis.
Nombre de livres : 1.
Date de publication : novembre 2015 pour la publication originale, janvier 2016 pour l'édition en français.
Genre : comic, super-héros, action.

Dans une réalité alternative où Peter Parker n'est jamais devenu Spider-Man, c'est sa petite-amie Gwen Stacy qui a été mordue par une araignée radioactive. Après être devenue Spider-Woman, elle a été confrontée à la mort de Peter, puis à une crise du multivers.

Retournée dans son monde, Gwen est la proie de nombreux tourments. Son père, chef de la police, est le seul à connaître sa double-vie, mais elle l'évite et ne vit plus chez lui. Elle n'a pratiquement plus de vie personnelle, est recherchée activement pour la mort de Peter Parker et détestée publiquement à cause de Jonah Jameson qui a fait d'elle une terroriste.


Alors ! Gwen Stacy ! Je vais pas commencer par le début de l'histoire, parce que c'est précisément ce que ce comic ne fait pas (mais je vais y revenir plus tard). Je vais commencer par le début du personnage.
Gwen Stacy, c'est assez peu connu du grand public - entendez des non-lecteurs de comics, et je l'ignorais moi-même jusqu'à assez récemment (l'an dernier) - est la première petite amie de Peter Parker. Avant Mary-Jane Watson. Mais elle n'a pas spécialement fait date à titre personnel (malgré un certain nombre de résurrections et de clones parce qu'osef le réalisme dans les comics) parce qu'elle a été tuée très rapidement dans l'histoire du Tisseur.
De fait, sa mort est, d'après ce que j'ai lu, un événement déterminant dans l'écriture de Spider-Man et l'édition des comics, un peu comme celle de Ned Stark dans Game of Thrones : c'est à partir de là qu'on se dit que ça pue grave et que personne n'est à l'abri.

Alors non seulement les Amazing Spider-Man sont pourris, mais en plus la Gwen Stacy du Spiderman 3 de Sam Raimi (jouée par Bryce Dallas-Howard) était plus conforme à celle du comic.
Gwen Stacy est plus conforme à son originale dans un film où la meuf à pécho c'est Mary-Jane que dans un film où elle est le personnage féminin majeur. Ils ont réussi à rater ça, rendez-vous compte.

En plus, la mort de Gwen Stacy a été la cause d'un fort sentiment de culpabilité chez Peter Parker, qui a échoué à la sauver de ce fumier de Bouffon Vert, et a contribué à façonner le personnage du jeune super-héros. Ce en quoi je trouve que les films Amazing Spider-Man (le second plus exactement) sont à chier. Je les ai vus récemment, je prévois toujours un article très vaste et général sur les films de super-héros, et dans le 2ème ASM donc, Gwen Stacy, jouée par Emma Stone, est tuée par le Bouffon Vert, non pas au début ou en plein milieu de film, ce qui initierait une évolution de Spider-Man, mais un peu avant la fin en mode c'est du troll bien fait pour ta gueule, et ça n'était même pas destiné à préparer un ASM3 qui n'existera jamais, vu que Peter Parker se remet de son deuil et sa dépression avant même la fin de ce second film, à l'issue d'une ellipse narrative.

Bref : Gwen Stacy, elle PÈSE.
Du coup, lorsque les décideurs narratifs de chez Marvel Comics ont eu l'idée d'une crise multi-universelle - parce que les super-héros existent toujours dans plusieurs univers, avec plusieurs versions et tout - crise qui réunirait l'ensemble des Spider-Men existants, un volume a été sorti pour préparer le terrain.
Cette histoire autonome, c'est Edge of Spider-verse, Aux frontières du spider-verse en français, qui introduit au passage 4 nouveaux héros tisseurs, parmi lesquels... Spider-Gwen.
Dans son univers, Peter Parker, jaloux des pouvoirs de Gwen et désireux de ne plus être le souffre-douleur du lycée, utilise des produits chimiques et devient le Lézard (en lieu et place du docteur Curt Connors), puis finit par mourir, faisant accuser Gwen par le maire de New York, J.J. Jameson (qui dans l'univers principal est le rédac' chef du Daily Bugle et le patron de Peter Parker), et la jeune femme a juste le temps de révéler son identité à son père, chef de la police, avant d'être appelée dans une crise extra-dimensionnelle.

Et donc, parmi les multiples versions de Spider-Man convoquées dans Spider-verse, il y a bien sûr celui de l'univers principal, à savoir Terre-616, mais aussi Spider-Gwen de Terre-65 (en haut) et aussi... Spider-Cochon (à gauche).

Autant le préciser d'emblée : l'idée d'une Spider-Gwen et du retour de Gwen Stacy a furieusement plu à tous les fans du Tisseur, au point même que des cosplays de Spider-Gwen sont apparus en conventions dès la publication d'Edge of Spider-verse avant même que Gwen ait sa propre série. Ce qui en soit n'est pas spécialement surprenant parce que Gwen Stacy semble avoir toujours bénéficié d'une aura de sympathie là où Mary-Jane Watson, en revanche, est régulièrement la nunuche et la damsel in distress de Peter Parker.
Ah oui, au fait : la nouvelle héroïne aurait dû s'appeler Spider-Woman, et c'est la liesse populaire autour du surnom affectueux "Spider-Gwen" qui a décidé Marvel à plaquer ce nom sur les couvertures ♥
Là où les choix éditoriaux français sont complètement à la ramasse, c'est que le présent volume, que j'article, n'intègre pas l'origin-story de Spider-Gwen dans Edge of Spider-verse, il se contente de la raconter en intro et débute avec le retour de Gwen dans sa réalité. Alors qu'en version originale, Spider-Gwen : Most Wanted ? (qui est un tome 0 et pas un tome 1), regroupe à la fois le passage initial d'Edge of Spider-verse et les 5 volumes d'Ennemie Publique.
Du coup, tout ce que je vous ai dit sur l'origin-story là, c'est juste un texte résumé au début, j'ai même pas (encore ^^) lu Edge of Spider-verse et encore moins Spider-verse, la crise extra-dimensionnelle !

Voilà, ça c'était l'intro, je sais c'était long, pardon !
Pour ce qui est de ce tome 1 français bancal donc, qu'est-ce qu'on a à se mettre sous la dent ? Bah déjà, le style beaucoup trop classe de cette nouvelle version Spider-héroïque. Contrairement au bleu et rouge du Peter Parker principal (parce que bon, il est comme Iron Man, il a eu trois douzaines de millions de costumes depuis qu'il existe) qui fait beaucoup trop américain et patriotique - au point même que c'est désormais de l'ordre du cliché poncif : dans un film Spider-Man, il faut un plan avec une putain de bannière étoilée - Spider-Gwen est en noir et blanc, avec du magenta motif toile d'araignée judicieusement placé sous les bras et dans la capuche. Parce que oui, pour planquer ses longs cheveux de fille, son super-costume inclut une capuche, et afin d'éviter les clichés et le handicap de devoir se battre avec des talons, elle n'a pas de bottes, mais de jolies ballerines bleues/vertes (ça varie en fonction des plans et parfois même elles sont blanches ^^).
Je sais pas d'où les designers du concept ont tiré leurs idées, mais c'est magnifique ♥

Les yeux du costume sont putain de trop classes, avec la capuche ça lui donne un côté mystérieux et menaçant qui met en PLS le costume de Peter Parker ♥

Cela étant, même si on loupe, en français, le vrai point de départ de l'histoire (que je me procurerai plus tard donc), on est ici face à une série très jeune et encore en pleine croissance : Spider-Gwen est née fin 2015 et ses dernières aventures dans - en anglais - les tomes 1 à 3, Greater Power, Weapon of Choice et Long Distance, s'échelonnent entre l'été 2016 et juillet 2017.
Gwen Stacy galère encore à gérer sa double-identité, d'autant que, là où Peter Parker pouvait clairement "se reposer" sur le fait que sa Gwen avait été tuée par le Bouffon Vert, cette Gwen-ci est officiellement une meurtrière et une terroriste proche des milieux criminels...

Et c'est totalement du délire, parce que là où n'importe quel univers - y compris celui des super-héros - aurait pu accoucher d'une histoire aberrante à base de "et s'il s'était passé ceci ou cela ?" -> le meilleur exemple restant cette inqualifiable merde d'Harry Potter et l'Enfant Maudit, Spider-Gwen réécrit un univers que le public connaît déjà en l'arrosant de sauce "on renverse les rôles".
Pêle-mêle, Frank Castle n'est plus le Punisher, mais un père de famille et un increvable officier des forces spéciales de police aussi brutal que taré, Ben Grimm (la Chose des 4 Fantastiques) est un flic lambda, Matt Murdock est l'avocat véreux de Wilson Fisk, mais aussi le Caïd (Matt. Le Caïd. Sérieux.) ; quant à Foggy Nelson, il est le procureur de New York.


On suit donc les souffrances quotidiennes de cette jeune femme qui a fui son domicile et son propre père, chef de la police, qui erre dans New York sans réussir à se construire une image de Gentille parce qu'elle tombe que sur des braqueurs sans importance et que les vrais méchants sont beaucoup trop doués. Elle n'a plus de vie personnelle, au point que sa relation avec ses seules amies, les membres du groupe The Mary-Janes dont elle est la batteuse, en pâtit également.
Parce que oui, dans cet univers, Mary-Jane Watson est une chanteuse de rock égocentrique et Gwen Stacy est sa batteuse. J'ai adoré, ça fait beaucoup trop Scott Pilgrim et c'est génial.

On retrouve aussi un côté Amazing Spider-Man (les comics, pas les films) dans le fait que Spdier-Gwen balance de la vanne en plein milieu de bagarre. Ici un truc du genre "oh non, je veux redorer mon blason en arrêtant des super-méchants et je tombe sur le pire malfrat du monde, un braqueur de merde" ^^

Visuellement, ce petit one-shot (112 pages pour 14 euros, ce que je trouve assez raisonnable, le Killing Joke du Joker fait le même prix pour 72 pages) est clairement un représentant d'une nouvelle génération dans les comics : ni l'auteur ni le dessinateur ne sont des pontes du genre (Geoff Johns, Garth Ennis, Alan Moore, Frank Miller, Mark Millar, Joe Quesada...) et ils débordent pourtant du talent de leurs aînés.
Les planches sont assez superbes, pleines de couleurs variées (peut-être pour le côté moderne, jeune et un peu rock de Gwen), les effets de lumières sont vraiment classes - pas mal de vert et de violet, de temps en temps des trucs flamboyants rouges et oranges - et évidemment, des illustrations pleine page. Béwi, c'est un one-shot, donc une compilation de plusieurs tomes périodiques (les fameux comics qu'on voit dans les films et les séries, souples et fins parce qu'hebdomadaires ou mensuels), et comme ça se fait dans ces cas-là, les couvertures originales sont conservées et intégrées entre chaque "chapitre" de ce qui prend donc la forme d'un livre.

Encore une fois, c'est peut-être lié à l'ambiance générale de tension et d'héroïne traquée, mais je trouve les vignettes assez chargées, mais dans le bon sens du terme. Bon, on est pas dans un Blackest Night ou, du côté de la BD, dans un De Cape et de Crocs où chaque dessin fourmille de détails et de clins d'œils qu'on prend plaisir à déceler, mais ça reste assez riche.
Par exemple, vous avez un genre de fil rouge dans le volume autour des graffiti : y'a un petit gang de graffeurs qui soutient Spider-Gwen et se fait régulièrement harceler par la police - par Ben Grimm - et qui prend un malin plaisir à taguer les grandes affiches qui la présentent comme une criminelle. Les tags en question sont en anglais, par respect pour le travail original, de même que certains tags de la main de Gwen.


A un moment, elle pourchasse le Vautour (celui-là même qu'on a récemment vu en version Michael Keaton Badass au cinéma) avec des insultes format géant genre "death from a butt" ("la mort vient du pet") qui fait écho à "death from above" ("la mort vient du ciel"), formule bien connue dans les guerres modernes qui est notamment la devise d'une unité de bombardiers américains - en référence au fait que, bon, le Vautour, ben il vole et il pue...
Clairement, outre l'écriture très intéressante et l'univers alternatif qui est mis en place, y'a pas mal d'humour dans cette histoire, malgré l'atmosphère globalement sombre et dramatique à la fin (je spoile pas mais bon : les Parker sont les voisins des Stacy), notamment autour des Mary-Janes et de Spider-Cochon, qui a pas mal collaboré avec Spider-Gwen dans Spider-verse et qui se fait ici le rôle de conscience, de guide moral, pour la jeune femme (ce qui est dingue parce que ce personnage passe pour sérieux alors qu'à la base c'est une parodie, il s'appelle Peter Porker XD).

Et une illu pleine page, une ! "Salut Papa, on peut causer ?"


En bref : volet initiatique d'une série encore jeune, Spider-Gwen : Ennemie Publique ? pose assez judicieusement les bases de son propos et de la version moderne, féminine et teigneuse de Peter Parker. Gwen Stacy est cool et attachante à la fois dans son super-costume et dans son rôle de fille perdue biclassée batteuse de rock, et le reste s'articule bien autour d'elle. Notamment, la réalité alternative et "l'autre pègre", avec Frank Castle chez les gentils, Matt Murdock chez les méchants et la vendetta vengeresse d'une super-fille dont celui-ci a tué le père. Perso ça me donne très envie de voir la suite, éditée et traduite récemment en France :)

Ah bah c'est sûr, c'est pas Michael Keaton ! x)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire